TABLE DES MATIÈRES
INTRODUCTION 5
PREMIER CHAPITRE : FONDEMENT THÉORIQUE 8
I. CONCEPTIONS THÉORIQUES 8
1. Acte de langage 8
1.1. Notions d’acte de langage 8
1.2. Classification des actes de langage 9
1.3. Formulation des actes de langage. 11
1.3.1. Formulation directe 11
1.3.2. Formulation indirecte 12
2. Relation interpersonnelle dans l’interaction verbale 14
2.1. Relation horizontale 14
2.2. Relation verticale 15
3. Politesse 16
3.1. Notions de “face” et de “territoire” de E. Goffman 16
3.2. Modèle de politesse de Brown et Levinson 17
3.2.1. Notion de “face” 17
3.2.2. Notion de FTA (“Face Threatening Act”) 17
3.2.3. Notion de “face want” (ménagement de face) 18
3.2.4. Notion de “face work” (travail de face) 18
3.3. Modèle de politesse de C. Kerbrat-Orecchioni 19
3.3.1. Notion de FFA (“Face Flattering Act”) 19
3.3.2. Politesse négative vs positive 19
3.3.3. Stratégies de politesse 20
3.3.3.1. Procédés de la politesse négative 20
3.3.3.2. Procédés de la politesse positive 22
II. DÉFINITION DU REPROCHE 23
1. Définitions dans les dictionnaires 23
2. Le reproche sous l’angle pragmatique 25
DEUXIÈME CHAPITRE : CONSTITUTION ET ANALYSE DU CORPUS 27
I. CONSTITUTION DU CORPUS 27
1. Choix de la méthode de collecte des données 27
1.1. Problème du choix de la méthode de collecte des données 27
1.2. Justification du corpus littéraire contemporain 29
2. Présentation du corpus 29
2.1. Corpus en français 29
2.2. Corpus en vietnamien 31
3. Méthode d’analyse des données 33
II. ANALYSE DU CORPUS 34
1. Objet de reproche 34
1.1. Parole 34
1.2. Attitude 35
1.3. Action 35
1.3.1. Action non réalisée 35
1.3.2. Action mal réalisée 37
2. Types de reproches 39
2.1. Reproche direct 39
2.2. Reproche indirect 40
2.3. Reproche mixte - direct et indirect 41
2.4. Reproche - trope communicationnel 41
3. Relation interpersonnelle et reproche 42
3.1. Relation horizontale et reproche 42
3.2. Relation verticale et reproche 43
4. Reproche et face des interactants 43
4.1. Reproche et face de l’allocutaire 44
4.2. Reproche et face de l’énonciateur 45
5. Réaction au reproche 46
5.1. Réaction positive 46
5.2. Réaction négative 49
5.3. Autres types de réactions 50
5.3.1. Déplacement du reproche 50
5.3.2. Renvoi du reproche 51
5.3.3. Évitement au reproche 54
5.3.4. Demande de précision 57
TROISIÈME CHAPITRE : RÉALISATION DU REPROCHE EN FRANÇAIS
ET EN VIETNAMIEN : SIMILITUDES ET DIFFÉRENCES 59
I. RÉALISATION DU REPROCHE 59
1. Réalisation du reproche en français 59
1.1. Moyens lexicaux 59
1.1.1. Verbe performatif 59
1.1.2. Termes à sens négatif 60
1.2. Moyens morphologiques 61
1.3. Moyens syntaxiques 62
1.3.1. Phrase exlamative 62
1.3.2. Phrase assertive 63
1.3.3. Phrase interrogative 64
1.3.4. Phrase injonctive 65
1.4. Combinaison des moyens 66
2. Réalisation du reproche en vietnamien 68
2.1. Moyens lexicaux 69
2.2. Moyens morpho-syntaxiques 69
2.2.1. Phrase exlamative 69
2.2.2. Phrase assertive 70
2.2.3. Phrase interrogative 71
2.2.4. Phrase injonctive 75
2.2.5. Combinaison des types de phrases 78
2.3. Combinaison des moyens linguitiques 80
3. Procédés de politesse dans la réalisation du reproche 83
3.1. Procédés adoucisseurs dans la réalisation du reproche en français 83
3.1.1. Procédés substitutifs 83
3.1.2. Procédés accompagnateurs 83
3.2. Procédés adoucisseurs dans la réalisation du reproche en vietnamien 84
4. Procédés durcisseurs dans la réalisation du reproche 85
4.1. Procédés durcisseurs dans la réalisation du reproche en français 85
4.2. Procédés durcisseurs dans la réalisation du reproche en vietnamien 86
II. SIMILITUDES ET DIFFÉRENCES DANS LA RÉALISATION
DE L’ACTE DE REPROCHE EN FRANÇAIS ET EN VIETNAMIEN 87
CONCLUSION 91
BIBLIOGRAPHIE 93
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uand il adresse à sa femme le reproche sur le comportement de son père, il tient aussi sa femme comme responsable de l’offense. Bien sûr, quand son père subit les reproches, la femme se sent indirectement touchée, affectée. Dans cet exemple, le beau-fils a recours à un niveau de langue très vulgaire en appelant son beau - père “le sinistre con” : le beau-fils est en effet riche mais a un niveau d’instruction très bas.
Il est possible de généraliser le reproche indirect comme suit : A (le locuteur) adresse à B (l’interlocuteur) un reproche sur la conduite de C (une troisième personne ayant un lien de parenté avec B).
2.3. Reproche mixte (direct et indirect)
Dans notre corpus, nous avons enregistré des reproches mixtes des deux catégories ci-dessus. Le reproche de type mixte est adressé à une seule personne - L2, tandis que la cible du reproche n’est pas unique. L’un est L2, l’autre est L3 ayant une relation proche avec L2.
Ex : Interactants : un couple.
T«i hái c«, t«i ®· lµm g× kh«ng ph¶i mµ c« vµ lò trÎ coi t«i nh ngêi dng vËy ?
à Qu’est-ce que j’ai fait pour que les enfants et toi, vous me considériez comme un étranger ?
(interaction 19 – corpus en vietnamien)
Dans cet exemple-là, la personne à qui l’homme adresse le reproche est sa femme. La cible de son reproche est non seulement la femme mais aussi ses deux enfants. Ce L3 est attaché à la fois à L2 et L1.
2.4. Reproche – trope communicationnel
Ex : Interactants : une vieille dame et deux belle-soeurs.
Mét lÇn ®ang b÷a c¬m do Thuý ®¶m tr¸ch […] Nh×n thÊy mÑ chång ®ang dïng tay gì x¬ng c¸, KiÓu oang oang nh tr¸ch m¾ng ai :
- ña, sao m¸ ph¶i ¨n c¸ c¬m ? M¸ kh«ng dïng ®òa gì x¬ng ®îc hay sao mµ ph¶i dïng tay ?
Bµ cha tr¶ lêi v× ®ang nhai c¬m trong miÖng, ®· thÊy Thuý trõng m¾t vÒ phÝa chÞ d©u chång :
- M¸ thÝch ¨n c¸ c¬m, m¸ biÓu em mua vÒ kho ®ã chÞ.
à Ce jour-là, c’était Thuy qui préparait le dîner […] Voyant la belle-mère enlever les arêtes du poisson avec les doigts, elle a dit bruyamment comme pour reprocher à quelqu’un :
- Oh, maman ! Pourquoi tu dois prendre des engraulis ? Pourquoi tu ne retires pas les arêtes avec les baguettes mais avec les doigts ?
Du riz dans la bouche, la mère n’ayant pas lui répondre que déjà Thuy a lancé à Kieu un regard désagréable :
- C’est maman qui m’a dit d’en acheter car elle aime les engraulis.
(interaction 26 – corpus en vietnamien)
En apparence, le destinataire direct de Kieu est sa belle-mère “Oh, maman ! Pourquoi tu dois prendre de l’engraulis ? Pourquoi tu ne retires pas les arrêtes avec les baguettes mais avec les doigts ?” Cependant, en réalité, la mère ne joue que le rôle du destinataire secondaire. Le destinataire principal – la vraie cible du reproche est Thuy puisque c’est elle qui a préparé le dîner ce jour-là. Comprenant l’intention dissimulée du reproche de la belle-soeur et se considérant comme le reproché, Thuy se justifie “C’est maman qui m’a dit d’en acheter car elle aime les engraulis”.
Ainsi, en cas de reproche - trope communicationnel, le destinataire direct n’est que le destinataire secondaire. Quant au destinataire indirect, il devient le destinataire principal, la vraie cible du reproche
3. reproche et Relations interpersonnelles
Après l’étude de la nature de l’offense commise (l’objet du reproche) et les types de reproche, nous cherchons à répondre à la question : Qui reproche à qui ? L’analyse des deux corpus nous a permis d’identifier la nature de la relation entre le reprocheur et le reproché.
3.1. Relation horizontale
à travers les exemples recueillis dans nos deux corpus, nous avons remarqué que les Français et les Vietnamiens font en principe des reproches à des “connaissances”. Le degré de connaissance du reprocheur et du reproché est varié. Pour les relations familiales et familières, les reproches sont très nombreux dans les deux corpus. Un grand nombre de reproches se passe entre membres de la famille (mari et femme, parents et enfant, frère et sœur; oncle / tante et neveu / nièce, etc) et entre copains/amis. En relation plus distante, nous comptons moins de reproches. Cependant, nous avons observé dans le corpus en vietnamien des reproches faits envers les inconnus. Ils sont bien sûr beaucoup moins nombreux que les reproches dont les allocutaires se connaissent. Sur une soixantaine de reproches de ce corpus, nous avons identifié seulement 4 reproches dont le reprocheur et le reproché sont inconnus : un docteur et le témoin d’un accident routier (interaction 2) ; une passagère et un aide-chauffeur (interaction10) ; une jeune villageoise et un chef d’escadron (interaction 40) ; un homme et la deuxième épouse du mari d’une vieille amie (interaction 47).
3.2. Relation verticale
La relation verticale peut se diviser en deux sous-catégories : relation égalitaire et relation inégalitaire. L’examen de deux corpus nous a menée à remarquer que la production et l’échange de reproches sont présents le plus fréquemment en cas de relation de type égalitaire : entre époux, entre copains, entre amoureux, en collègues, etc. En cas de relation de type inégalitaire, les reproches sont émis plutôt “downward”: de haut en bas, du supérieur à l’inférieur, par exemple des parents à l’enfant, de l’oncle au neveu, de la maîtresse à l’élève, du chef à l’employé, etc. Les reproches émis “upward” (de bas en haut) sont également présents mais peu nombreux.
Bref, le reproche se fait en principe entre connaisances. Plus la relation des interactants est distante, moins on s’échange de reproches. En ce qui concerne la relation verticale, le reproche est particulièrement propice à la relation de type égalitaire. Pour celle de type inégalitaire, il est émis “downward” beaucoup plus fréquemment que “upward”.
4. reproche et face des interactants
Comme nous l’avons présenté dans la première partie, les actes de langage se regroupent en deux grandes catégories d’actes : actes valorisants pour la face (FFAs) et actes menaçants pour la face (FTAs). Avec ses caractéristiques, l’acte de reproche ayant de mauvais effets sur la face des interactants est classé dans la deuxième catégorie. Les questions se posent : en premier lieu, quelle face des interactants est menacée par l’acte de reproche ? la face positive ou la face négative ? En deuxième lieu, la face de qui est menacée par le reproche ? celle du locuteur ou celle de l’interlocuteur ?
4.1. Reproche et face de l’allocutaire
Tout d’abord, il est à dire que le reproche est menaçant pour la face de l’interlocuteur. Laquelle ? D’une part, il menace sa face positive. Premièrement, le fait que quelqu’un est reproché implique qu’il a commis quelque chose de mauvais. Sa face positive est donc touchée. Deuxièmement, le reproche étant pas nature un jugement défavorable met en position basse le reproché. C’est aussi un mauvais effet sur sa face positive. Troisièmement, si le reproche est juste, le reproché doit avouer sa faute, adresser l’excuse au reprocheur et se corriger. Tout cela constitue un FTA pour la face positive de l’allocutaire.
Ex : Interactants : 2 connaissances.
- Mais tu n’arrêtes jamais de poser des questions ?
- J’suis curieux, excusez-moi
(interaction 44 – corpus en français)
Le reproche menace non seulement la face positive de l’interlocuteur mais encore sa face négative. Comment ? Le reproche, c’est par nature l’acte de jugement. Comme on le sait, tout acte de jugement est considéré comme acte d’ingérence dans les affaires d’autrui. L’acte de reproche constitue donc une sorte d’incursion territoriale, de violation d’intimité. Autrement dit, il se présente comme un FTA pour la face négative ou pour le territoire affectif de l’allocutaire. Dans l’exemple ci-dessous, la fille a rencontré un problème et a voulu parler à sa mère mais celle-ci était absente. Elle l’a attendue longtemps. Quand la mère est rentrée, la fille lui a reproché d’être restée trop longtemps dehors : “Où étais-tu, maman ? Tu as vu l’heure ?” Ces questions ont violé le territoire spacio-temporel de la mère, voire violer son droit de vivre sa vie.
Ex : Interactants : une fille et sa mère.
- Où étais-tu, maman ? Tu as vu l’heure ? accuse-t-elle.
- Ai-je le droit de vivre un tout petit peu de ma vie ?
(interaction 56 – corpus en français)
4.2. Reproche et face de l’énonciateur
Le reproche fait perdre la face de l’interlocuteur. Quels sont donc les effets du reproche sur la face de l’énonciateur lui-même ?
Quand l’énonciateur se donne le droit de juger son allocutaire, il se place en position haute et met en position basse son partenaire. Le reproche constitue donc un FFA pour la face positive de l’énonciateur. Sa face est encore valorisée au cas où le reproché reconnaîtrait l’erreur commise, formule l’excuse et rectifie sa faute.
Ex : Interactants : le vendeur d’orchidées et un client.
- … Hoa kh«ng h¬ng mµ cËu d¸m nãi víi t«i lµ hoa cao quý l¾m.
- Tha «ng, chóng t«i thµnh thËt xin lçi v× ®· b¸n cho «ng chËu hoa kh«ng ®îc nh ý. NÕu «ng th«ng c¶m, chóng t«i xin ®æi cho «ng chËu hoa kh¸c, tuú «ng chän.
à - … Ils ne sont pas parfumés et pourtant tu m’as dit que c’étaient des fleurs précieuses.
- Monsieur, nous vous prions de nous excuser de vous avoir vendu des orchidées non à votre souhait. Changez ce pot pour un autre à votre choix, s’il vous plait !
(interaction 22 – corpus en vietnamien)
Cependant, si le reproche n’est pas juste, il est possible que le reproché ne reconnaisse pas sa “faute”, objecte, réfute le reproche voire renvoie le reproche envers l’énonciateur, il sauve ainsi sa face et en même temps fait perdre la face du reprocheur. Le reproche est dans ce cas-là d’abord un FFA puis un FTA pour l’énonicateur et un FTA puis un anti-FTA pour l’allocutaire. Examinons l’exemple ci-dessous :
Ex : Interactants : les ex-amoureux.
ThÕ lµ chµng vµ nµng ®· gÆp nhau sau 30 n¨m xa c¸ch.
- Sao em l¹i d¹i dét thÕ ? Tù mang th©n m×nh ®Õn ®µy ¶i n¬i rõng s©u heo hót ? …
Sao anh tµn nhÉn thÕ ? Trêi ¬i ! §µn «ng lµ nh thÕ ®Êy. Còng ch¼ng kh¸c g× con gµ ¨n xong lµ quÑt má råi l¹i ch¹y nh¶y tung t¨ng… Ph¶i råi, t«i d¹i dét, t«i ngu…
à Finalement, ils se sont revus après 30 ans de séparation.
- Pourquoi tu es si stupide ? Pourquoi tu te traites rudement dans ce coin perdu ?
- Pourquoi tu es si méchant avec moi ? Mon Dieu, les hommes sont tous pareils. Vous êtes semblables à des coqs qui frottent leur bec juste après avoir mangé, puis gambadent joyeusement… Oui, c’est vrai, je suis stupide, je suis idiote…
(interaction 34 – corpus en vietnamien)
Dans cet exemple, l’homme a reproché à son ex-amoureuse d’être idiote d’avoir choisi la vie solitaire. Celle-ci a reproché en retour à l’homme d’être méchant avec elle.
après le renvoi du reproche de L2, L1 – le reprocheur initial a perdu la face. Leur position a changé : le reproché devient le reprocheur et à l’inverse, le reprocheur devient le reproché.
5. Réaction au reproche
Du point de vue sémantique et pragmatique, l’acte de reproche amalgamme deux composants : un jugement défavorable, une assertion évaluative négative d’une part et une demande de correction, de rectification qui mécontente, insatisfait l’allocutaire d’autre part. C’est pourquoi, une fois avoir reçu des reproches, l’allocutaire peut enchaîner sur tous les deux composants “assertion” et “demande de l’excuse et de la correction” ou sur l’un de deux. On distingue deux types d’enchaînements : enchaînements préférés (non marqués) et enchaînements non préférés (marqués). Ils sont en fait des réactions positives et négatives au reproche.
5.1. Réaction positive
Selon sa définition, le reproche a pour but d’inspirer la honte ou le regret chez l’interlocuteur, l’amender ou le corriger. L’enchaînement préféré est que le reproché reconnaît sa faute, manifeste le regret ou la honte, formule l’excuse envers le reprocheur et corrige son erreur. L’idéal est la réaction positive sur les deux composants susmentionnés : l’accord sur l’évaluation négative et la reconnaissance de la “faute”.
Ex : Interactants : 2 amis
- … et bien en quinze jours, J’ai quand même appris…
- Rien
- Tu exagères !
- Ah oui, pardon ! L’autre jour, en lisant un article intitulé “ Comment améliorer son PC ?”, tu t’es enfin aperçue que PC ne signifiait ni “Parti communiste”, ni “Petite ceinture”, mais Personal Computer.
(interaction 1 – corpus en français)
Le reproché a tout d’abord mis l’accord sur l’évaluation (“Ah oui”) puis il accepte le reproche en s’excusant (“pardon”) et en corrigeant son erreur (“L’autre jour, … Personnal Computer”).
Dans l’exemple ci-dessus, l’accord et l’acceptation sont bien distingués en deux phases. Cependant, en examinant les corpus, nous voyons qu’ils s’insèrent souvent l’un dans l’autre. Dans l’exemple suivant, l’excuse manifeste l’acceptation du reproche et l’acceptation implique à son tour l’accord de l’évaluation.
Ex : Interactants : 2 jeunes inconnus: un chef d’escadron et une jeune villageoise.
- ¥ c¸i nhµ anh nµy, ®i kiÓu g× thÕ ? ¦ít hÕt ngêi ta råi ®©y nµy !
- Êy chÕt, xin lçi c« ! T¹i … t¹i c¸i xe nã …nã…
à - Eh, quoi ! De quelle manière roulez-vous ? Voilà, je suis toute mouillée !
- Oh ! Excusez-moi ! C’est parce que… ma mobylette, … elle…
(interaction 40 – corpus en vietnamien)
L’acceptation du reproche implique l’accord de l’assertion évaluative mais pas l’inverse. Il y a des cas où l’on est d’accord sur l’évaluation mais on accepte pas le reproche : le reproche est donc rejeté.
L’enchaînement au reproche n’est pas toujours verbal. Nous avons observé dans les corpus des enchaînements non verbaux. Pour ces cas-là, l’enchaînement est souvent sous la forme d’une action : c’est la correction de l’erreur commise.
Ex : interactants : un couple senior.
- Laurent, le verre de Claude est vide, reprocha Hélène.
Laurent reversa du côte-de-nuits.
(interaction 30 – corpus en français)
L’acceptation du reproche est souvent accompagnée d’une justification. Pour sauver sa face et pour adoucir le mécontentement de l’énonciateur, l’allocutaire doit expliquer les raisons de sa conduite. Revenons à l’interaction 40, après l’acceptation du reproche, l’homme a cherché à justifier son acte en disant : “T¹i … t¹i c¸i xe nã …nã…” (C’est parce que… ma mobylette, … elle…). Dans l’exemple ci-dessous, le reproché accepte le reproche (il s’excuse auprès du partenaire) puis se justifie “Mais j’avais besoin de m’isoler. Impérativement.. ne voir personne, ne pas répondre au téléphone…”
Ex : Interactants : 2 amoureux.
- Ça fait du bien de te voir, a-t-il dit en me regardant.
- Je commençais à en doûter.
Il a souri.
- Je sais. Je m’excuse de ne pas t’avoir rappelée. Mais j’avais besoin de m’isoler. Impérativement... ne voir personne, ne pas répondre au téléphone…
(interaction 27 – corpus en français)
Nous avons observé également un cas particulier. La réaction verbale et la réaction non-verbale du reproché sont en apparence contradictoires. Verbalement, le reproché ne reconnaissant pas sa faute, rejette le reproche. Cependant, son action prouve qu’il cherche à se corriger : il a reconnu l’erreur et accepté le reproche. Cela peut s’expliquer par ce que l’avou verbal de sa mauvaise conduite n’est pas toujours facile.
Ex : Interactants : une fille et sa mère
- MÑ buån cêi thËt. Sao mÑ kh«ng rót quÇn ¸o cña bè vµo ?
- Bè nµo ?
- Bè con chø cßn bè nµo n÷a.
- MÆc kÖ bè mµy.
Ngoµi lan can ®· nhá lép ®ép mÊy giät níc, chÞ l¹i ch¹y ra rót nèt m¸y c¸i quÇn vµ ¸o cña l·o, trong bông Êm øc víi con bÐ qu¸. […]
à - Pourquoi tu n’as pas rentré les vêtements de papa ?
- Quel papa ?
- Mon papa, bien sûr !
- Tant pis pour lui.
Il a commencé à pleuvoir. La mère est sortie à nouveau pour rentrer les vêtements de son ex-mari. Elle ressentait de la rancoeur envers sa fille.
(interaction 1 – corpus en vietnamien)
5.2. Réaction négative
Comme nous l’avons dit, l’accord sur l’évaluation négative puis l’acceptation de se corriger est l’enchaînement idéal de l’acte de reproche. Cependant, ce n’est pas toujours le cas. Le désaccord sur l’évaluation et le rejet du reproche sont nombreux dans nos corpus. Il est à remarquer que le désaccord implique toujours le rejet.
Ex : Interactants : un couple âgé.
- ¤ng kh«ng th¬ng t«i, «ng kh«ng lo l¾ng cho con c¸i.
- Kh«ng th¬ng bµ sao cã ®îc bèn mÆt con.[…] Kh«ng lo cho con sao chóng sèng ®îc. Kh«ng ®øa nµo h c¶.
à - Tu ne m’aimes pas, tu ne t’occupes pas d’ enfants.
- Si je ne t’aimais pas, on n’aurait pas eu 4 enfants. […] Si je ne m’occupais pas d’eux, ils ne seraient pas parvenu à leur maturité. De plus, aucun n’est corrompu.
(interaction 49 – corpus en vietnamien)
La femme évalue que son mari ne l’aime pas, qu’il ne s’occupe pas de leurs enfants. Le mari n’est pas d’accord avec le jugement de la femme. Le fait que le reproché est en désaccord avec le reprocheur sur son évaluation montre que le contenu propositionnel du reproche n’est pas juste. Si le contenu propositionnel - le composant le plus important du reproche est faux, le reproche n’est plus valable : il a été rejeté.
5.3. Autres types d’enchaînements
À côté de deux types de réactions principaux : réaction positive et réaction négative, nous en avons trouvé d’autres dans notre corpus : déplacement du reproche, renvoi du reproche, évitement du reproche et demande de précision.
5.3.1. Déplacement du reproche
On peut schématiser le déplacement du reproche comme suit : L1 reproche L2. L2 reproche à son tour L3. Le déplacement du reproche résulte du déni de la responsabilité dans l’erreur commise. C’est le déplacement de la responsabilité envers une troisième personne.
Ex : Interactants : 2 collègues : un homme et une femme.
(Contexte : Tran et Nga étaient deux collègues. Ils étaient tous célibataires. Nga aimait bien Tran et le considérait comme un grand frère. Une voisine célibataire voulant prendre mari a demandé à Nga de lui présenter un homme. Ce jour-là, Nga a amené Tran chez la voisine. Là-bas, ils ont vu un homme dans le lit de la femme. Au bout de quelques minutes, Tran et Nga ont pris congé.)
Ra ®Õn cæng, anh TrÇn liÒn trót mét h¬i thë dµi nh hÊt ®¸ khái ngùc råi trÇm giäng b¶o Nga : “ C« ®ïa t«i ®Êy µ ?” Nga xÞ mÆt, bèi rèi : “Em ®©u cã ®ïa. Em kh«ng ngê chÞ ta l¹i lõa dèi em… ChÝnh chÞ ta ®· nhê v¶ em hÕt lêi… Em ®©u d¸m ®ïa giìn mét chuyÖn hÖ träng ®Õn thÕ”
à à la sortie, Tran a soupiré comme pour repousser une pierre de la poitrine. Il a affaibli la voix : “Tu veux me faire mauvais tour, n’est-ce pas ?” La mine longue, Nga lui a répliqué d’un air embarrassé : “Non. Qui aurait pensé qu’elle m’a menti !… C’est elle qui m’a supplié de l’aider… Moi, je n’ose jamais badiner avec les affaires si importantes”
(extrait 46 – corpus en vietnamien)
Dans l’exemple, Tran a reproché à Nga – une collègue de lui avoir fait mauvais tour. Celle-ci a réagi en manifestant le désaccord sur le jugement de Tran : “non”, “je n’ose jamais badiner avec les affaires si importantes” et en déplaçant le reproche à sa voisine : “elle m’a menti”, “c’est elle qui m’a suppliée à l’aider”. La position de Nga a donc changé : du reproché au reprocheur.
Le déplacement du reproche est avantageux pour le reproché L2 : en effet, c’est un moyen efficace pour qu’il sorte de la situation défavorable et sauve sa face.
5.3.2. Renvoi du reproche
Le renvoi du reproche peut être appelé retour du reproche : L1 reproche à L2 mais L2 lance en retour le reproche envers L1. Dans ce cas-là, on parle de l’échange de reproche.
Comme le déplacement du reproche, le renvoi du reproche manifeste le déni de la responsabilité dans l’erreur commise. Cependant, la responsabilité ne se déplace pas à une troisième personne mais retombe sur celui qui a fait le reproche initial. Après le retour du reproche, les interactants ont permuté de position. Le reproché L2 devient reprocheur et le reprocheur initial L1 est transformé en reproché. C’est le cas où le reproche est le plus menaçant pour la face de l’énonciateur L1 et où le reproché a pu limiter au mieux les mauvais effets du reproche initial sur sa face positive.
Le type de réaction est comparatible généralement avec le désaccord et le rejet implicite du reproche initial. Le renvoi est donc total, complet.
Ex : Interactants : une tante et sa nièce.
(Contexte : Les parents de deux jeunes filles sont morts. La petite vivait chez la tante. Un jour, la grande a rendu visite à la famille de la tante. Quand la fille a appris que la tante ne s’occupait pas de sa soeur, elle était fâchée. La nuit, il faisait très chaud. Il y avait deux ventilateurs mais la tante les avait tournés vers ses deux enfants. À minuit, la grande soeur s’est réveillée et a tourné le petit ventilateur vers sa petite soeur. La tante s’est mis en colère.)
[…] d× t«i rÝt lªn. D× ®ay nghiÕn :
- C¸i thø ngêi c¸ nh©n chñ nghÜa. ChØ biÕt cã m×nh !
[…] t«i d»n giäng :
- Bè mÑ ch¸u míi chÕt mµ d× ®· ®èi xö víi chóng ch¸u nh thÕ ! D× míi lµ ngêi chØ biÕt cã m×nh !
à […] elle a hurlé et monigéné en ressassant des paroles tracassières :
- Quel individualisme! Tu ne penses qu’à toi !
[…] j’ai appuyé mot à mot :
- Mes parents viennent de mourir et tout de suite, tu nous maltraites, ma soeur et moi ! Ce n’est que toi qui es égoïste !
(interaction 25 – corpus en vietnamien)
Dans l’exemple ci-dessus, la tante a reproché à sa nièce d’être égoïste. La nièce a répondu “Ce n’est que toi qui es égoïste”. Cet énoncé implique “ Moi, je ne le suis pas”. Ainsi, en retounant le reproche envers sa tante, elle a dénié le jugement négatif de celle-ci et a rejeté complètement son reproche.
Cependant, le retour du reproche peut également impliquer, inclure un accord et une acceptation du reproche initial de L1.
Ex : Interactants : 2 amoureux.
… mais la prochaine fois que tu fais un truc à la maison, tu me le rappelleras avant pour que je m’organise. Je vous laisserai entre vous.
- Pourquoi tu dis ça ? lança Myriam en s’approchant avec une pile d’assiettes.
- Pour rien. C’est juste qu’on m’a pas une seule fois adressé la parole…
- C’est toi qui n’as pas dit un mot ! objecta Myriam
- Avoue que c’était difficile, avec l’autre qui nous racontait son génocide en long et en travers…
(interaction 48 - corpus en français)
Dans l’exemple, Laurent a reproché que les amis de Myriam ne lui ont pas parlé. Quand Myiam a répondu “C’est toi qui n’as pas dit un mot”, il a renvoyé à Myriam le reproche. Cependant, cet énoncé inclut que “oui, mes amis ne t’ont pas adressé la parole mais toi non plus, tu n’as pas dit un mot avec eux”. Pour lui, la faute provient non seulement de ses amis mais aussi de Myriam.
Le reproche renvoyé peut porter sur le même objet ou sur un autre objet différent de celui du reproche initial de L1. L’exemple suivant contient une série de reproches échangés entre deux jeunes amoureux. Lors de la séquence de reproche, les interactants manifestent toujours le désaccord sur le jugement du partenaire et rejettent toujours son reproche en se justifiant et en renvoyant un ou des reproches à l’allocutaire. La fille n’est d’accord qu’avec le dernier jugement de l’homme. Examinons l’exemple suivant (interaction 48– corpus en vietnamien) :
- Sinh nhËt cña em kh«ng ph¶i th¸ng 10.
- VËy sao em b¶o víi anh lµ th¸ng 10 ? Vµ khi nµo anh tÆng hoa em còng nhËn, còng c¶m ¬n anh lu«n nhí ®Õn sinh nhËt em. Em thËt lµ coi thêng ngêi kh¸c !
- Kh«ng ph¶i em, chÝnh anh míi lµ ngêi coi thêng ngêi kh¸c. Yªu nhau 3 n¨m, thö hái ®· bao giê anh quan t©m ®Õn em cha ?
- Em cßn ®ßi hái anh quan t©m ®Õn em nh thÕ nµo n÷a ? Sinh nhËt nµo cña em anh còng nhí. ChØ cã em lµ kh«ng t«n träng anh th«i. T¹i sao em nãi dèi anh ?
- Xin anh sö dông tõ cho chuÈn x¸c. Em cha tõng nãi dèi ai bao giê. Em chØ muèn thö anh th«i, thö xem cã bao giê t×m hiÓu vÒ ngêi m×nh yªu mét c¸ch ch©n thµnh nhÊt. ChØ cã khi yªu ch©n thµnh ngêi ta míi cÇn t×m hiÓu. Ho¸ ra c¸i ®é yªu cña anh dµnh cho em lµ sè 0.
- Em nãi thÕ, ho¸ ra em ®· ®¸nh gi¸ t×nh yªu cña anh kh«ng ch©n thµnh. Mµ lµ ®¸nh gi¸ tõ rÊt l©u, tõ nh÷ng 3 n¨m nay ?
- §óng vËy !
à - Mon anniversaire n’est pas au mois d’octobre.
- Mais pourquoi tu m’a dit que tu es née en octobre ? De plus, tu m’as remercié de me souvenir de ton anniversaire chaque fois que je t’ai offert des fleurs ce jour-là. Comment tu m’as sous-estimé !
- Non, c’est toi qui me sous-estimes. On s’aime depuis 3 ans mais t’es-tu jamais intéressé à moi ?
- Comment veux-tu que je m’intéresse à toi ? Je n’oublie jamais ton anniversaire. C’est toi qui ne me respectes pas. Pourquoi tu m’as menti ?
- Emploie le terme exact, s’il te plaît. Je n’ai jamais menti personne. Je ne veux que sonder ton coeur, sonder si tu as jamais cherché à me comprendre. On ne cherche à comprendre l’autre que si on l’aime sincèrement. Il s’est avéré que le degré de ton amour pour moi est zéro.
- Et tu penses que je ne suis pas sincère dans l’amour. Tu le penses depuis longtemps ? depuis 3 ans ?
- Oui.
Nous schématisons la séquence de reproche
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